Dessine-moi un fantasme
Aujourd'hui, lors d'une balade aux Tuileries, j'ai eu la déception de voir que la grande roue de la place de la Concorde n'était
plus là. Quel dommage... Parce que les grandes roues, ça me donne toujours des idées, plein d'idées, et que j'adore me retrouver tout là-haut, si possible en charmante compagnie.
D'ailleurs...
En me promenant aux Tuileries par une belle journée d'hiver, plein soleil, je me suis arrêtée
sur un banc pour profiter de ces quelques rayons. C'est rare une journée pareille en plein hiver: le soleil brille, les gens portent tous des lunettes noires, les enfants font voguer des
bateaux dans les fontaines, les jupes ressortent du placard et les décolletés aussi. Je ne déroge pas à la règle: ces journées il y en a trop peu pour ne pas s'imaginer déjà au
printemps.
Alors je m'assois sur un banc, avec mon iPod sur les oreilles et un bon livre sous le nez. Rihanna demande qu'on n'arrête pas la musique, je croise les doigts pour qu'on n'arrête pas ce moment
hors du temps. Je m'isole dans les pages d'un roman de Sade. Au moment où je lève les yeux pour imaginer une scène décrite avec maints détails, je croise le regard d'un jeune homme assis sur le
bord de la fontaine. Il est juste en face de moi, me sourit. Peut-être connaît-il ce livre et s'imagine-t-il savoir où gamberge mon esprit. Mais je détourne le regarde et reprends ma
lecture.
Ce n'est qu'au moment où le soleil commence à décliner que je relève les yeux, un petit vent frais me prévenant que l'heure est venue de reprendre mon chemin. En regardant devant moi,
je le vois: il n'a pas bougé, m'observant, ou plutôt devrais-je dire "me détaillant". Peu importe: je me lève et me dirige vers la sortie, avec toutefois un léger regret. Il a un côté craquant,
un charme incroyable, et ses yeux...
Devant moi, la grande roue se dresse, majestueuse. Quelques rares touristes y font un tour, mais le foid se fait plus piquant et la place se vide. C'est peut-être le moment de m'envoler, d'aller
voir le coucher de soleil de plus près. Je m'approche de la caisse, prends un billet et vais attendre que la roue s'immobilise. Il n'y a plus qu'un couple avec deux enfants. Je les regarde
descendre et monte à mon tour. Alors que je m'attends à ce que la roue redémarre, quelqu'un monte dans la nacelle. C'est lui.
Il me salue, comme le ferait une vieille connaissance de soirée. La roue se met en marche, nous nous élevons dans les airs. Je me retourne et admire Paris à mes pieds: le Louvre, le Musée
d'Orsay, plus loin à droite la Tour Eiffel, les Champs Elysées... J'ai toujours mon iPod sur les oreilles, cette fois-ci c'est Finlay Quaye qui lance les dés. Mes joues rosissent à cause du
froid, je m'emmitoufle dans mon manteau.
Perdue dans mes pensées, je reviens à la réalité et me demande si mon voisin apprécie le spectacle autant que moi. Je me tourne vers lui et ne suis pas surprise de le trouver à quelques
centimètres à pein de moi. Il s'est approché et ne m'a visiblement pas quittée des yeux. Mon regard croise le sien, et c'est comme si je lui donnais le feu vert. Il s'approche un peu plus
et...
Sans détour, l'une de ses mains passe entre les plis de mon manteau et remonte le long de ma jambe jusqu'à la jarretière de mon bas. Il a détourné le regard, semble happé par le paysage. Mais ses
gestes précis trahissent son réel intérêt à ce moment exact. Ses doigts s'amusent avec ma jarretière, jouent sur les reliefs de la dentelle, repartent vers mon genou pour revenir de plus belle
vers le centre de ses attentions. Petit à petit, il devient plus entreprenant, atteint la frontière de ma culotte en satin. Ses doigts glissent sur le tissu.
A mon grand étonnement, je le laisse faire sans rien dire. Je continue à regarder la ville qui s'éclaire. Lui aussi. Personne ne pourrait se douter de ce qui se trame sous mon manteau. Il caresse
mon clitoris à travers le satin, Je sens mes joues rougir, cette fois-ci sous l'effet de ses mouvements. J'ai la sensation de perdre l'équilibre. De son autre main, il prend alors l'une des
miennes, la fait entrer sous son manteau à lui. J'y trouve son sexe en érection que je prends dans ma main.
Il n'en attendait pas plus pour poursuivre sur sa lancée. Ses doigts glissent de mon clitoris à mon vagin. Il entre un doigt en moi, puis un second. Son habilité me surprend. Il est
entré en moi comme en terre conquise, sait exactement où et comment me caresser pour déclencher une vague de plaisir. Le vertige me reprend. Je ne sais si c'est parce que nous sommes si haut ou
sous l'effet de ses caresses.
Je resserre ma main autour de son sexe, le masturbe en rythme avec ses mouvements. Il me guide, et me fait comprendre du bout de ses doigts ce qu'il veut. Je m'exécute avec docilité. Il
mène le jeu, impose sa cadence. Je le sens durcir encore plus dans ma main. Son membre est dressé comme l'obélisque qui nous fait face. Ses gestes se font plus brusques, il veut que je le suive.
Il transmet ses désirs par ses mouvements: plus appuyés, il veut que je renforce mon étreinte, plus léger il me demande de jouer en l'excitant du bout des doigts.
De l'extérieur, nous avons l'air d'un couple enlacé, rien de plus. Mais sous nos vêtements c'est une explosion de sensations, la montée d'un plaisir interdit. Des images de mon roman me
reviennent pas bribes: la transgression, la luxure, le sexe cru. Alors que nous atteignons le sommet de la roue une fois de plus, un orgasme d'une violence inouïe me submerge. Je ne peux réprimer
un léger cri, mais à cette hauteur seuls les oiseaux peuvent m'entendre. Je sens alors sa tension se relâcher, il repousse lentement ma main qui l'enserrait pour ne pas venir lui aussi.
La roue s'arrête quelques secondes après pour nous laisser descendre. Il me prends dans ses bras, et nous nous dirigeons vers la sortie ensemble. Notre escapade hors de la réalité m'a
semblé une éternité. Ensemble, toujours, nous nous éloignons de cette roue qui aura été notre premier contact, un premier instant de plaisir partagé devant tous et pourtant sans
témoin.